CURIETHERAPIE PROSTATIQUE



Sommaire

Généralités - Indications
Technique opératoire
Contre-indications
Préparation à la curiethérapie
Complications
Surveillance
Illustrations
 
 

GERERALITES - INDICATIONS

    Une prostate normale pèse environ 15 à 20 grammes. Son poids augmente progressivement avec l'âge du fait du développement de la partie centrale qui forme un adénome, plus exactement appelé hypertrophie bénigne de la prostate. Son rôle est important dans l'activé de reproduction car sa sécrétion glandulaire entre dans la composition du sperme et lui améliore son pouvoir fécondant. C'est de plus un carrefour entre la voie génitale et la voie urinaire: le confluent entre les canaux éjaculateurs et l'urètre se situe au niveau du veru montanum, à la partie postérieure et distale de l'urètre prostatique. La prostate n'intervient pas dans les mécanismes de la continence assurés quant à eux par le col vésical et le sphincter lisse d'une part, et le sphincter strié urétral situé pour le second au-dessous de la prostate.

    Une fois le diagnostic de cancer de prostate fait par la réalisation de biopsies prostatiques se pose la question de son traitement qui peut faire appel à une surveillance active, à un traitement curateur (prostatectomie radicale, radiothérapie externe IMRT, curiethérapie, éventuellement ultrasons focalisés) ou une hormonothérapie.

    Lorsqu’un traitement curateur est indiqué (en fonction de l’âge, du bilan d’extension, des caractères de la tumeur) la curiethérapie est une technique de radiothérapie interstitielle indiquée dans les cancers de prostates à faible risque. Selon les recommandations de l’AFU de 2013, « les indications strictes correspondent au groupe à faible risque de d’Amico. Un seul facteur divergeant peut être accepté : soit un taux de PSA entre 10 et 15ng/ml, soit la présence de grade 4 minoritaire en faible pourcentage et sous couvert d’une IRM prostatique ne montrant pas d’extension extra-prostatique. Une meilleure sélection conduit à tenir compte du nombre de biopsies positives, du pourcentage de biopsies positives (< 50 % et pour certains < 33 %) et de l’imagerie par IRM qui permet de confirmer le stade et l’éligibilité (volume prostatique) ».

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TECHNIQUE OPERATOIRE

    C’est une intervention pratiquée sous anesthésie générale ou loco-régionale, par une équipe associant un chirurgien urologue, un radiothérapeute et un radio-physicien. Elle se pratique dans des structures habilitées à la manipulation de radio-isotopes. L’urologue met en place dans la prostate des chapelets de grains radioactifs (mesurant 0,8 mm sur 4,5), contenant de l’iode 125 radio-actif. Ce radio-nucléide artificiel est émetteur de rayons X et Gamma. Ses rayonnements vont agir sur les cellules tumorales et les détruirent pendant la période d’activité de ces sources. Ce rayonnement décroit très vite lorsque l’on s’éloigne des sources, limitant ainsi les effets secondaires sur les tissus voisins notamment la vessie, le rectum, les nerfs érecteurs). Après l’implantation des grains d’iode, l’irradiation à l’extérieur du corps est très faible, inférieure à l’irradiation naturelle du sol ou cosmique. Leur demie vie est de 60 jours et les grains vont devenir progressivement inertes dans les 6 à 12 mois suivant leur implantation. Ils pourront sont laissés dans la prostate sans risque particulier ultérieur.
    Les grains sont mis en place par voie trans-périnéale (ponctions entre l’anus et les bourses, au niveau du périné) sous contrôle échographique à l’aide d’aiguilles vectrices. Un total de 60 à 120 grains sont mis en place avec un contrôle et un ajustement de la dose réalisée en temps réel par le physicien. Il est donc possible de modifier le schéma d’implantation en fonction de la position effective des grains déjà mis en place.

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CONTRE-INDICATIONS

- problème de mobilité de hanche pouvant empêcher l’implantation.
- volume prostatique trop élevé (> 50 à 60 grammes) mais un traitement hormonal pendant quelques mois peut faire baisser ce volume.
- une résection endoscopique de prostate (ou tout autre traitement endoscopique d’une hypertrophie prostatique) peut être une contre-indication relative, si la loge de résection est encore large.
- des troubles mictionnels trop importants liés à une hyperplasie bénigne de la prostate car le risque de rétention aiguë après l’implantation est plus élevé.

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PREPARATION A LA CURIETHERAPIE


- bilan d’extension pour éliminer une extension extra-prostatique de la tumeur (IRM prostatique pour certaines équipes).
- mesure du volume prostatique par une échographie endorectale afin de préciser le nombre approximatif de grains à implanter.
- parfois un traitement hormonal pourra vous être prescrit pour 2 à 3 mois, avant l'implantation pour faire diminuer la taille de la prostate lorsque son volume est un peu trop élevé.
- consultation d’anesthésie pendant laquelle il est important de signaler la prise de tout anticoagulants ou antiagrégants (aspirine notamment).
- analyse d’urine qui sera faite une semaine avant l’intervention pour éliminer une infection urinaire.
- lors de l'hospitalisation un lavement rectal et une antibioprohylaxie seront prescrits.
- une sonde urinaire vous sera posée lors de l’intervention puis ôtée le lendemain.
- la sortie se fait en général le lendemain de l’implantation après avoir été uriné, une fois la sonde vésicale ôtée.

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COMPLICATIONS


    En dehors des complications exceptionnelles ou liées à l’anesthésie générale, les complications directement liées à la curiethérapie sont rares. Elles peuvent être immédiates ou se manifester à distance.

- Complications précoces :

    . pesanteur ou douleurs du périnée liée au passage des aiguilles,
    . présence de sang dans les urines ou dans le sperme,
    . ecchymose (“un bleu”) au niveau du périné ou des bourses
    . une fatigue modérée est possible.

- Complications tardives :

    . urinaires : fréquents et le plus souvent banaux et régressifs ils peuvent s’installer dans les semaines suivant l’implantation et peuvent persister pendant 6 mois, très rarement au-delà d’un an, avec un retour progressif à une fonction urinaire normale. Ils sont liés à l’œdème et l’inflammation provoquée par la radiothérapie au niveau de la glande prostatique mais parfois également de la vessie. Ils peuvent associer :
        - des besoins d’uriner pressants parfois sources de fuites urinaires par urgence,
        - des difficultés pour uriner, rarement un blocage urinaire aboutissant à une rétention aiguë d’urine (environ 3% des cas). En l’absence de blocage un traitement par alpha-bloquant et/ou anti-inflammatoire pourra être prescrit. Si un blocage survient, il sera nécessaire de mettre en place une sonde urinaire ou un cathéter sus-pubien. Si le blocage persiste, il sera nécessaire d’attendre 6 mois, la fin de la décroissance de radioactivité des grains d’iode, pour envisager un traitement chirurgical de l’obstacle prostatique par résection endoscopique.
        - des douleurs lors de la miction (qui doivent faire éliminer une infection lorsqu’elles s’installent). La présence de sang dans l’urine peut survenir et doit faire également rechercher une infection urinaire.
        - l’élimination de grains d’iode dans les semaines suivant l’implantation est possible. Il est recommandé de filtrer les urines pendant les 15 jours suivant l’intervention et mettre ces grains dans un réceptacle plombé qui vous sera donné à votre sortie.

    . sexuels : des troubles sexuels peuvent apparaitre à distance de la curiethérapie. Ils dépendent de l’âge et de l’état sexuel antérieur à la curiethérapie. Ils sont liés à l’effet possible de l’irradiation des grains proches des bandelettes vasculo-nerveuses dont le trajet longe la prostate latéralement et en arrière. Leur traitement peut faire appel aux traitements habituels des troubles de l’érection (IPDE5, prostaglandines en intra-caverneux). Le volume de sperme est le plus souvent diminué et la fertilité abaissée mais non systématiquement nulle. Une contraception sera donc nécessaire avec une partenaire en âge de procréer. L’usage de préservatif est indiquée pendant les 2 mois qui suivent l’implantation dans l’hypothèse ou des grains encore radioactifs seraient éliminés avec le sperme. Leur recueil et stockage dans un réceptacle adapté est alors nécessaire.

    . digestifs : liés à une inflammation de la paroi rectale, ils sont rares et peuvent se traduire par des douleurs, des épreintes rectales (fausses envies d’aller à la selle), des selles plus glaireuses, la présence de sang dans les selles,…


- précaution de radio-protection : ne pas prendre sur les genoux trop longtemps de très jeunes enfants, et faire lits séparés si l’épouse est enceinte.

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SURVEILLANCE


    Une surveillance est ensuite nécessaire avec une visite dans le mois suivant l’implantation avec un scanner qui permettra de vérifier la position des grains.

    La surveillance est ensuite semestrielle puis annuelle biologique et clinique. Le taux de PSA va décroitre progressivement pendant les années suivantes mais parfois on observe à sa réascension transitoire, parfois associée à la réapparition de signes d’irritation urinaire (mictions plus fréquentes, plus pressantes et parfois sensibles). C’est un effet « rebond » sans gravité et qui s’estompe en quelques mois.

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ILLUSTRATIONS
   


Grains d'iode 125


Ponction échoguidées par voie périnéale


Console échographique de guidage de ponction

Contrôle per-opératoire de l'implantation


Radiographie sans préparation post-implantation

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Télécharger la fiche d'information de l' AFU

Docteur B. d'ACREMONT - Mise à jour le 29 décembre 2014