CONDYLOMES GENITAUX

Sommaire

Introduction
Tableau clinique
Traitement
 
 

INTRODUCTION - EPIDEMIOLOGIE

    Les condylômes génitaux sont des affections virales à papillomavirus (Human Papilloma Virus), dont l'incidence est en augmentation depuis ces 20 dernières années. La fréquence est estimée chez les hétéro-sexuels aux alentours de 2 à 3 % en France.
     Les papillomavirus sont des virus de petite taille, très stables et ayant une affinité particulière pour les épithéliums malpighiens kératinisés ou non kératinisés (comme la muqueuse du gland chez l'homme ou le col utérin chez la femme par exemple ). Il en existe plusieurs variétés pouvant provoquer des tumeurs bénignes : condylomes acuminés, condylomes plans, papillomes. Certaines variétés d'HPV peuvent entrainer des lésions dysplasiques précancéreuses (maladie de Bowen, érythroplasie de Queyrat, leucoplasies,..). Chez la femme, les lésions à HPV peuvent évoluer vers un carcinome du col, faisant de cette infection un problème de santé publique.
    Il existe plusieurs types de papillomavirus, environ 70 dont une vingtaine sont responsables de lésions génitales ou anales.
    L'incubation d'une infection à HPV est de l'ordre de 1 à 8 mois mais cette infection peut rester latente.
    L'infection atteint préférentiellement le gland et le prépuce (9 fois sur 10), mais parfois le méat urétral, ou plus rarement l'anus. Elle peut atteindre les hommes circoncis ou non.
    Le mode de contamination est essentiellement sexuel mais d'autres voies sont possibles (piscine, linge, toilettes,...). Ce mode préférentiel impose lors de la découverte de condylomes chez un patient, la recherche systématique de lésions à HPV chez sa ou ses partenaires. Le risque de lésions dysplasiques et donc de dégérescence en cancer du col utérin est en effet réel.

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TABLEAU CLINIQUE

    L'aspect habituel du condylome est celui de végétations ou de papillomes exophytiques, prenant l'aspect de "crêtes de coq", de "poireaux", de "choux fleurs". Ces petites lésions sont indolores, souvent blanchâtres et se développent préférentiellement sur le prépuce, le gland et plus rarement le méat urétral. Ces lésions blanchissent après application d'acide acétique dilué (elles sont dites acidophiles).
    Parfois ces lésions sont invisibles et ne peuvent être révélée que lors d'une péniscopie? après application d'une solution d'acide acétique dilué à 5 % qui fait apparaître alors de petites tâches blanchâtres (macules planes) régulières et bien limitées. La péniscopie consiste en l'examen à la loupe grossissante ou au colposcope, de la verge avant et après imprégnation par une solution d'acide acétique dilué. C'est un examen indolore qui se pratique en consultation.
    Les lésions à HPV sont à différencier des papilles physiologiques de la couronne balano-prépuciale, des glandes de Tyson (glandes sébacées), des papules perlées de chaque côté du frein,...
     En cas de doute entre des lésions condylomateuses et des lésions dysplasiques, un prélèvement anatomo-pathologique et un typage du virus en cause peut être effectué.
     Si le diagnostic de condylomes est en général fait dès l'examen clinique, il peut être nécessaire de complèter par une péniscopie comme indiquée ci-dessus, mais également une urétroscopie afin de vérifier l'intégrité de l'urètre et de la fossette naviculaire, parfois la recherche de koïlocytes sur un frottis de la fossette naviculaire ou d'une lésion atypique.

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TRAITEMENT

    Le principe du traitement est la destruction des lésions provoquées par le virus. Pour cela on peut avoir recours selon l'importance des lésions, leur localisation et leur caractère récidivant ou non à:

     - des traitements topiques locaux par des solutions chimiques ayant pour but de "brûler" les lésions virales. On peut utiliser par exemple:
       . l'acide trichloracétique dilué, agent caustique, il s'applique localement à 15 jours d'intervalle.
       . la podophyllotoxine ayant une action antimitotique et cytolytique (CONDYLINE 0,5 %®): elle s'applique matin et soir pendant 3 jours, en renouvelant ce traitement pendant 4 à 5 semaines si nécessaire, en laissant bien sécher après chaque application et en évitant toute application intempestive sur la peau saine.
        . le 5-fluoro-uracile, antimétabolite inhibant la synthèse de l'ADN indispensable à la réplication cellulaire et virale (EFUDIX 5 %®
): il s'applique une fois à deux fois par jour, uniquement sur les lésions, pendant 1 à 4 semaines mais sous surveillance attentive. En effet il existe des phénomènes inflammatoires parfois importants qui peuvent obliger à interrompre ou suspendre le traitement.

     - des traitements destructeurs par le froid ou la chaleur: cryothérapie, electrocoagulation, vaporisation par laser CO2.

     - une exérèse chirurgicale (exérèse des lésions à l'anse diathermique et /ou ablation du prépuce).

     - enfin plus récemment des traitements immunomodulateurs locaux: l'imiquimod (ALDARA 5%©). Cette crème s'applique 3 fois par semaine jusqu'à disparition des lésions et pendant 16 semaines maximum. La crème sera laissée 6 à 10 heures puis rincée à l'eau et savon à chaque fois.

     En règle générale, s'il existe un doute sur une lésion dysplasique, une biopsie exérèse sera préférée. Si les lésions condylomateuses sont peu importantes en surface, un traitement topique local sera souvent suffisant. Dans le cas contraire une vaporisation, une électrocoagulation ou une exérèse chirurgicale seront préférables. Après ces traitements, des réactions cicatricielles fibreuses peuvent entraîner dans certaines localisations un phimosis cicatriciel.

     Dans tous les cas, un contrôle est nécessaire à 2 et 6 mois, au mieux par péniscopie, pour s'assurer de l'absence de récidive ou récurrence de la maladie à papillomavirus. Pendant cette période, les rapports sont possibles mais devront rester protégés pour limiter le risque de contamination des partenaires. De même, un contrôle systématique des partenaires est à effectuer lors du diagnostic de la maladie à papillomavirus.

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Docteur B. d'ACREMONT - Mise à jour 7 février 2010