LA CYSTITE INTERSTITIELLE

 

Sommaire

Introduction
Signes cliniques
Examens complémentaires
Traitements
Etiologies
Evolution

INTRODUCTION

    C’est une inflammation vésicale rentrant dans le cadre des cystites chroniques, responsables d’envies fréquentes, douloureuses et urgentes d’uriner. Son origine est actuellement inconnue.

    C’est une affection rare touchant surtout les femmes (environ 1 homme pour 10 femmes)  mais souvent méconnue, ces symptômes étant parfois trop facilement considérés comme psychologiques. Son incidence mal évaluée est estimée aux alentours de 10/100 000 habitants.
 

SIGNES CLINIQUES

    Les symptômes habituels associent habituellement des envies fréquentes d’uriner (pollakiurie) aussi bien de jour que de nuit avec parfois des envies toutes 30 voire 15 minutes.
    Ces envies sont douloureuses (douleurs au-dessus du pubis) et sont soulagées par la miction.
    Elles sont souvent pressantes, pouvant entraîner parfois des fuites par impossibilité de se retenir.
    Parfois il est observé la présence de sang dans les urines (hématurie).
    Ces symptômes peuvent évoluer de façon fluctuante.
    Il existe très souvent un retentissement psychologique et parfois social de ces symptômes dont il est difficile de dire s’ils constituent un facteur causal ou s’ils sont la conséquence de la symptomatologie de cette affection.

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EXAMENS COMPLEMENTAIRES

    Les examens cytobactériologiques des urines sont toujours stériles retrouvant parfois une hématurie ou une leucocyturie microscopique.

    L’examen capital est la cystoscopie, au mieux réalisée sous anesthésie générale car souvent appréhendée et douloureuse sous anesthésie locale. Elle montre lors du remplissage de la vessie, l’apparition de petites stries et tâches purpuriques, prédominant sur la partie mobile de la vessie, et «pleurant» le sang après avoir vidé la cavité vésicale. Rarement on peut également observer des ulcérations sur la paroi vésicale (Ulcère dit de Hunner).

    Des biopsies seront en général systématiquement réalisées en effectuant une cystoscopie sous anesthésie générale. L’examen histologique élimine alors une anomalie de l’urothélium c’est à dire du revêtement de surface de la vessie, et retrouve classiquement une inflammation des couches profondes de celle-ci (par une variété de lymphocytes, les mastocytes).

    Pour mieux définir le cadre de la cystite interstitielle des critères positifs et d'exclusion ont été définis.
    -
critères positifs: au moins 10 pétéchies, existence d'un ulcére de Hunner (plutôt sur le dôme en général), douleur au remplissage vésical (critère essentiel), avec irradiation possible le long de l’urètre ou la paroi vaginale, impériosités mictionnelles.
    - critères d'exclusion: âge inférieur à 18 ans, pollakiurie < 8 par jour, ou < 2 par nuit, capacité vésicale > 350 ml, instabilité vésicale, évolution de moins de 9 mois, pathologie locale vésicale, chimio, radiothérapie, succès des traitements anticholinergiques

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TRAITEMENTS :

      Per os:
     - l'ELMIRON® (pentosan polysulfate de sodium): son but est de restaurer les polyamines glycans mais son efficacité reste controversée. Il est disponible aux USA (autorisation FDA) mais n'a pas d'Autorisation de Mise sur le Marche (AMM) en France est n'est donc pas disponible sauf en ATU (Autorisation Temporaire d'Utilisation, dont la demande est à faire auprès de la pharmacie centrale des Hôpital. La posologie est de 300 mg par jour pendant au moins 6 mois et sa toxicité est digestive.
     - certains anti-histaminiques ont été proposés avec une efficacité inconstante (TAGAMET®, ATARAX®,..), autidépresseurs tricycliques.

    La dilatation  vésicale sous anesthésie générale. En réalisant une cystoscopie, la vessie est progressivement remplit par du serum physiologique jusqu’à sa capacité maximale. Cet examen met alors en évidence les anomalies endoscopiques décrites ci-dessus et permet de plus la réalisation de biopsies vésicales que l'on réalisera si nécessaire lors d'un autre temps car cette hydrodistension présente un risque de rupture vésicale et doit se faire avec précautions.

    Les instillations endo-vésicales de DMSO  (diméthylsulfoxide, dilué à 50 %), en association éventuelle avec un corticoïde, de l’héparine. Plus récemment , ont été proposé des instillations endovésicales de sulfate de chondroitine à 2 mg/ml dont l'objectif est de restaurer les glycosamines glycans, mais leur efficacité reste à évaluer (GEPAN®, INSTILLAMED®).

    Plus rarement traitement chirurgical : électrocoadulation ou résection des ulcères de Hunner, cystectomie sub-totale avec remplacement vésical (entérocystoplastie) ou totale avec dérivation par une poche externe dans les cas extrêmes, très invalidants et rebelles à toute autre forme de traitement.

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ETIOLOGIES :

    Elles restent actuellement hypothétiques, aucune d’entre elle n’ayant été prouvée:

- Anomalie de la perméabilité de l’épithélium vésical par altération des glycosamines-glycans, laissant filtrer certains composants de l’urine (notamment le potassium, à l'origine d'un test, le test de Parsons, consistant à injecter une solution de potassium dilué dans la vessie, solution qui est indolore pour une vessie normale mais qui entraîne des douleurs dans la cystite interstitielle). C'est l'hypothèse actuellement la plus avancée. C'est sur celle-ci qu'ont été développées les recherches sur l'intérêt des tensio-actifs dans le traitement de la cystite intersitielle.
- Maladie auto-immune (mais les immuno-suppresseurs n'ont pas d'efficacité démontrée).
- Infection vésicale chronique (à cytomégalovirus, hélicobacter, hespes,..): peu d'arguments cliniques et thérapeutiques.
- Maladie inflammatoire : une infiltration par les macrophages est fréquentes sur les biopsies mais s’agit-il du phénomène causal ou de sa conséquence ?
- Hypothèse neurogénique (certains neuro-peptides sont en effet augmentés dans la paroi vésicale).
- Facteur hormonal : déséquilibre oestro-progestatif ?
- Toxicité de certains médicaments ?
- Facteur psychologique sachant qu’il est difficile de savoir s’il s’agit d’une cause ou plus vraisemblablement d’une conséquence

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EVOLUTION :

    Elle se fait souvent par poussées symptomatiques.
    L'évolution de la cystite interstitielle peut aboutir dans certains cas, rares, à une fibrose et une rétraction de la vessie, pouvant alors justifier des interventions d'exérèse vésicale avec remplacement ou une dérivation des urines.

 

Pour complèter cette information:  Interstitial Cystitis Network (en anglais), ou le site de l'Association Française de la cystite Interstitielle

 

Docteur B. d'ACREMONT - Mise à jour 29 décembre 2014