Sommaire
Définition
Facteurs favorisants
Signes cliniques
Examens complémentaires et bactériologie
Autres cystites
Traitement
Conseils
La cystite est une inflammation aiguë ou chronique d'origine le plus souvent infectieuse de la vessie, entrainant des brûlures à la miction, des mictions fréquentes (pollakiurie) et la présence de pus dans les urines.
C'est une affection très fréquente chez la femme, près d'une femme sur cinq fera au moins une cystite dans sa vie, générant environ un million de consultations par an en France. Elle est beaucoup plus rare chez l'homme, et s'associe alors le plus souvent à une infection de la prostate (prostatite).
On distingue la cystite aiguë bactérienne simple, ou infection urinaire basse non compliquée (survenant chez une femme de moins de 65 ans, avec un bas appareil urinaire sain) des cystites dites compliquées sans forcément être plus graves mais dont le risque de complications est plus important car survenant chez des sujets fragilisés (femmes âgée ou enceinte, infections post-pératoires, patients diabétiques, sous corticoïdes ou immunosuppresseurs) ou chez l'homme.
On
parle de cystite récidivante lorsque plus de 4 épisodes de cystites
sont survenus au cours de l'année.
Plusieurs
facteurs pour certains encore controversés ou d'interprétation
discutée, peuvent expliquer et favoriser la fréquence de ces infections:
une diurèse (quantité d'urine excrétée par les reins)
insuffisante par défaut de prise de boisson, l'anatomie génito-urinaire
de la femme avec un urètre féminin court où la persistance
de brides hyménéales, les modifications hormonales selon la période
d'activité génitale qui modifient ainsi la trophicité locale,
une hygiène locale insuffisante parfois, l'existence d'un prolapsus ("descente
d'organe") qui peut dans certains cas gêner la vidange complète
de la vessie. Cette anatomie explique la survenue fréquente des cystites
après les rapports sexuels sans qu'il ne s'agisse dans ce cas d'infections
sexuellement transmissibles.
La
cystite aiguë bactérienne se manifeste par des brûlures lors
de la miction, des urines troubles parfois sanglantes (ce saignement, sans gravité,
n'est que le témoin de l'irritation de la muqueuse de la vessie, ainsi
fragilisée et "pleurant" le sang lors de son remplissage et sa vidange),
des envies d'uriner très fréquentes et pour quelques gouttes seulement
avec l'impression de ne pas pouvoir uriner complètement.
La cystite aiguë ne s'accompagne pas de fièvre
mais il n'est pas rare de retrouver des douleurs irradiant vers le bas du dos,
en barre.
EXAMENS COMPLEMENTAIRES ET BACTERIOLOGIE
Son diagnostic est avant tout clinique et sera confirmé par l'utilisation d'un bandelette urinaire au cabinet du médecin. Cette bandelette réactive est trempée dans les urines fraîches et permet de déceler la présence en quantité anormale de leucocytes (pus) et de nitrites. Un examen cytobactériologique des urines (ECBU) sur un échantillon d'urine recueilli stérilement au laboratoire pourra être demandé mais n'est en général pas nécessaire dans la cystite aiguë simple. Cet examen d'urine va permettre de reconnaître le germe responsable de l'infection et tester sa sensibilité aux antibiotiques (antibiogramme). Pour parler d'infection urinaire, l'ECBU doit retrouver simultanément une seule souche de germe, en grande quantité (plus de 100 000 par ml habituellement sauf pour les cocci gram-positifs ou le seuil de 10 000/ml semble plus vrai) , et la présence de pus dans les urines (nombre de leucocytes supérieur à 7 à 10 000 par ml, surtout si ceux-çi sont altérés).
Le germe le plus fréquemment retrouvé dans les infections urinaires est l'Escherichia Coli (Colibacille). Il s'agit d'un germe que l'on retrouve de façon normale dans le colon. D'autres germes peuvent être également mis en évidence: Proteus, Staphylocoque, Streptocoque, Klebsielle, etc… Tous ces germes ne sont pas sexuellement transmissibles. Plus rarement, mais par contre à transmission sexuelle fréquente, on peut observer des infections à Chlamydiae, Mycoplasmes: ces infections atteignent surtout l'urètre ou les organes génitaux chez la femme comme chez l'homme. Ces germes nécessitent pour être mis en évidence des techniques ou milieux de culture spéciaux.
En dehors des cystites récidivantes (plus de 4 épisodes infectieux par an), des cystites compliquées (associant aux signes habituels de la fièvre, des douleurs lombaires), ou des cystites survenant sur chez des patientes plus vulnérables (diabète, grossesse, insuffisance rénale, immunodépression comme après une transplantation d'organe, certaines maladies ou malformations de l'appareil urinaire, enfants de moins de 15 ans ou femmes de plus de 65 ans), il n'est pas nécessaire d'envisager d'examens complémentaires. Chez l'homme par contre tout épisode infectieux impose un bilan complémentaire à la recherche d'une anomalie de l'appareil urinaire.
Devant
une cystite récidivante, un bilan s'impose à la recherche de facteurs
favorisants les récidives (diurèse insuffisante, constipation,
mictions trop espacées, hygiène vaginale insuffisante ou plus
souvent excessive utilisant des produits antiseptiques, utilisation de spermicides,
prolapsus associé, etc). On recherchera également une sténose
du méat urétral, la persistance de brides hyménéales,
ou une pathologie associée du bas appareil urinaire (pourront être
alors utile selon le contexte, une échographie, une urétrocystographie
mictionnelle, une cystoscopie, etc).
A
côté des cystites bactériennes de loin les plus fréquentes,
in existe d'autres causes d'inflammation de la paroi vésicale:
- les cystites chroniques type interstitielle
associant des mictions fréquentes, des douleurs vésicales lors
de son remplissage, des douleurs mictionnelles).
- les cystalgies à urines claires dont les symptômes évoquent
une cystite bactérienne mais dont les ECBU sont normaux.
- les cystites parasitaires comme la
bilharziose.
- les cystites iatrogènes: radiques, à l'Endoxan® (chimiothérapie),
après BCGthérapie
pour tumeur superficielle de vessie,..
A part, les bactériuries asymptomatiques qui correspondent à la présence d'un taux de germe anormal mais sans leucocyturie ni signe clinique de cystite. Ce phénomène s'observe surtout chez la femme âgée et atteindrait 10 à 20 % des femmes de plus de 70 ans. Sauf circonstances particulières, ces bactériuries isolées ne doivent pas être traitées.
Un traitement antibiotique sur 3 à 5 jours est le plus souvent suffisant. Il doit s'associer à l'absorption abondante de boissons (au moins 1,5 litres d'eau). Il existe également des traitements dit minutes ou monodoses dont une seule prise suffit à traiter l'infection. Ces traitements sont à réserver aux cystites aiguës non compliquées et non récidivantes de la femme. Le germe le plus fréquent est le colibacille (Escherichia Coli). Le traitement de première intention est habituellement probabiliste. Devant l'augmentation des résistances aux fluoroquinolones, le traitement de première intention lors d'une cystite aiguë simple est en première intention la fosmomycine (Monuril®, Uridoz®), en deuxième intention le Pivmecillinam (Selexid®), et en 3ème intention une furane (Furadantine®, Furadoïne®) pendant 5 jours ou une fluoroquinolone en dose unique (Oflocet®) (mise à jour recommandations de la SPILF 2015)
La régression de l'inflammation vésicale peut prendre 24 à 48 heures et expliquer la persistance éventuelle des signes cliniques pendant ce délai.
Un examen cytobactériologique des urines n'est habituellement pas nécessaire en fin de traitement si tous les signes cliniques ont disparu rapidement avec le traitement et en dehors des facteurs de risques précédemment cités.
Dans les cystites récidivantes, après avoir recherché et éventuellement corrigé un facteur favorisant, on pourra envisager un traitement antibiotique préventif au long cours.
Afin d'éviter les récidives de ces infections, un certain nombre de conseils peuvent être donnés:
-
boire un minimum d'1,5 litres par jour pour diluer les urines et favoriser leur
élimination.
- Eviter de se retenir anormalement et uriner en prenant son temps, souvent
et régulièrement.
- Après chaque rapport, bien uriner et effectuer une toilette intime
avec un peu de savon de Marseille.
- Proscrire pour son hygiène locale quotidienne l'utilisation des antiseptiques,
bains moussant (de par leur effet antiseptiques, ils détruisent la flore
vaginale normale, premier moyen de défense local contre les germes d'infection
urinaire).
- Après avoir été à la selle, s'essuyer d'avant
en arrière et non l'inverse.
- Eviter le port de vêtements trop serrés ainsi que les sous-vêtements
synthétiques, ceux-çi favorisent en effet la transpiration.
- Maintenir un transit régulier en évitant la constipation (absorber
des fibres: son, légumes verts,..).
- Eviter ou limiter la consommation d'épices, de vins blanc, de bière.
- Eviter l'automédication.
Docteur B. d'ACREMONT - Mise à jour 31 janvier 2016